Lors de la restauration d´une église italienne, Sant'Andrea di Montiglio Monferrato on a retrouvé des fresques
dans lesquelles quelqu'un(e) a représenté ce baiser de Marie-Madeleine à Jésus
Préambule de l'évangile de Marie
(pages 10 à 19 - les pp 11 à 14 manquent)
Pierre dit à Marie:
" Soeur, nous savons que l'Enseigneur t'a aimée
différemment des autres femmes.
Dis-nous les paroles qu'Il t'a dites,
dont tu te souviens
et dont nous n'avons pas la connaissance..."
Marie leur dit:
"Ce qui ne vous a pas été donné d'entendre,
je vais vous l'annoncer:
j'ai eu une vision de l'Enseigneur,
et je Lui ai dit:
"Seigneur, je Te vois aujourd'hui
dans cette apparition."
Il répondit:
"Bienheureuse, toi qui ne te troubles pas à ma vue.
Là où est le nous, là est le trésor.
Alors, je Lui dis:
"Seigneur, dans l'Instant, celui qui contemple
Ton apparition,
est-ce par la psyché [l'âme] qu'il voit?
Ou par le Pneuma [l'Esprit, Souffle]?"
L'Enseigneur répondit:
Ni par la psyché ni par le Pneuma;
mais le nous étant entre les deux,
c'est lui qui voit et c'est lui qui [...]" "
"Je ne t'ai pas vu descendre,
mais maintenant je te vois monter",
dit la Convoitise.
"Pourquoi mens-tu, puisque tu fais partie de moi?"
L'âme répondit:
"Moi, je t'ai vue.
Tu ne m'as pas reconnue;
j'étais avec toi comme avec un vêtement,
et tu ne m'as pas sentie."
Ayant dit cela,
elle s'en alla toute joyeuse.
Puis se présenta à elle le troisième climat,
appelé Ignorance;
celui-ci interrogea l'âme, lui demandant:
"Où vas-tu?
N'as-tu pas été dominée par un mauvais penchant?
oui, tu étais sans discernement, et tu as été asservie."
L'âme dit alors:
"Pourquoi me juges-tu? oi je n'ai pas jugé.
On m'a dominée, moi je n'ai pas dominé;
on ne m'a pas reconnue,
mais moi, j'ai reconnu
que tout ce qui est composé sera décomposé
sur la terre comme au ciel."
Libérée de ce troisième climat, l'âme continua de monter.
Elle aperçut le quatrième climat.
Il avait sept manifestations.
La première manifestation est Ténèbre;
la seconde, Convoitise;
la troisième, Ignorance;
la quatrième, Jalousie mortelle;
la cinquième, Emprise charnelle;
la sixième, Sagesse rusée.
Telles sont les sept manifestations de la Colère
qui oppriment l'âme de questions:
"D'où viens-tu, homicide?
Où vas-tu, vagabonde?"
L'âme répondit:
"Celui qui m'opprimait a été mis à mort;
celui qui m'encerclait n'est plus;
ma convoitise alors s'est apaisée,
et je fus délivrée de mon ignorance."
"Je suis sortie du monde grâce à un autre monde;
une représentation s'est effacée
grâce à une représentation plus haute.
Désormais je vais vers le Repos
où le temps se repose dans l'Eternité du temps.
Je vais au Silence."
Après avoir dit cela, Marie se tut.
C'est ainsi que l'Enseigneur s'entretenait avec elle.
André prit alors la parole et s'adressa à ses frères:
"Dites, que pensez-vous de ce qu'elle vient de raconter?
Pour ma part, je ne crois pas
que l'Enseigneur ait parlé ainsi;
ces pensées diffèrent de celles que nous avons connues."
Pierre ajouta:
"Est-il possible que l'Enseigneur se soit entretenu
ainsi, avec une femme,
sur des secrets que nous, nous ignorons?
Devons-nous changer nos habitudes;
écouter tous cette femme?
L'a-t-Il vraiment choisie et préférée à nous?"
Alors Marie pleura.
Elle dit à Pierre:
"Mon frère Pierre, qu'as-tu dans la tête?
Crois-tu que c'est toute seule, dans mon imagination,
que j'ai inventé cette vision,
ou qu'à propos de notre Enseigneur je dise des mensonges?"
Lévi prit la parole:
"Pierre, tu as toujours été un emporté;
je te vois maintenant t'acharner contre la femme,
comme le font nos adversaires.
Pourtant, si l'Enseigneur l'a rendue digne,
qui es-tu pour la rejeter?
Assurément, l'Enseigneur la connaît très bien...
Il l'a aimée plus que nous.
Ayons donc du repentir,
et devenons l'être humain [Anthropos] dans son entièreté;
laissons-Le prendre racine en nous
et croître comme Il l'a demandé.
Partons annoncer l'Evangile
sans chercher à établir d'autres règles et d'autres lois
en dehors de celle dont Il fut le témoin."
Dès que Lévi eut prononcé ces mots,
ils se mirent en route pour annoncer l'Evangile.
Evangile copte du IIè s. traduit/commenté par J.-Y. Leloup
...à suivre