Dans le cadre Patrimoine de Messac
Au voyageur méprisé
Au début du XXe siècle, les cultivateurs et les négociants manifestent dans la cour de la gare des marchandises pour obtenir des wagons afin d'expédier des pommes en Allemagne. En pleine saison, il en faut une cinquantaine par jour pour charger 600 tonnes de fruits. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la gare est la cible de bombardements et d'actes de sabotage opérés par les groupes de résistants dirigés notamment par Louis Bourgeais, René Roquebernou, François Toqué et Louis Pétri. En 1961 et 1962, de grandes manifestations paysannes dégénèrent en violents affrontements avec les forces de l'ordre. On relève plusieurs blessés graves des deux côtés. Les barrières du passage à niveau sont brisées. oeuvre collective, le monument est dédié aux efforts de la population pour conserver la gare et les dessertes ferroviaires. Sa marraine est Simone de la Bollardière de Guidel.
Extrait d'un article écrit par Françoise Lancelot, paru dans le journal L'humanité, daté du.... 19 mai 1990
LE RAIL C’EST LA VIE
" Le canton de Messac (Ille-et-Vilaine) tient à sa gare. Une flamme est même apposée depuis peu sur le courrier quittant les bureaux de poste des environs : « A 3 heures 50 de Paris par le train : Guipry, Langon, Messac : stations vertes de vacances. » Pour Ange Geffrault, le maire de Messac, un agriculteur de 56 ans élu aux dernière élections sur une liste sans étiquette : « Le train, c’est la vie ! » Il ne comprend pas qu’à l’heure où tout le monde parle de décentralisation, la SNCF ait décidé que les express ne s’arrêteraient plus à la gare de Messac... Depuis la mi-septembre ( début des horaires d’hiver, mais date de l’arrivée du TGV à Rennes), les express traversent donc la ville à toute allure... sauf quand les habitants et élus du canton se mobilisent, ce qui est le cas chaque dimanche après-midi depuis l’automne. Ce jour-là, c’est un train venant de Quimper et se rendant à Paris qui est systématiquement arrêté :« les voyageurs se rendant à Paris sont indignés de devoir aller en omnibus à Rennes, alors que l’express passe ici. » Chaque dimanche, des voyageurs prennent donc le train, même s’ils risquent une amende puisque la direction régionale a décrété que les voyageurs montés à Messac, sont, malgré leur titre de transport, en infraction puisqu’il n’y a pas d’arrêt ! Tous les dimanches, c’est donc plusieurs centaines de personnes qui se rassemblent, avec, en tête, les maires des communes du canton. Le maire de Messac, - qui a personnellement participé à 88 des 97 arrêts de trains ! - se félicite :« Nous avons même à présent un conseiller régional dans nos manifestations ! » Pour que le mouvement ne tombe pas dans la routine, des arrêt sauvages ont lieu une fois par semaine, et, malgré leur caractère impromptu, une cinquantaine de personnes et plusieurs élus sont présents. Comme Ange Geffrault ils n’admettent pas que l’arrivée du TGV à Rennes, et, en 1992,sur la ligne Sud-Bretagne, signifie un retour en arrière pour les usagers partant des petites et moyennes gares. « Ici, la population a déjà diminué entre les deux recensements, celà va s’aggraver si la SNCF ne recule pas. Car qui fera construire ici si les enfants lycéens à Rennes ont des journées de 12 heures ? »
Dimanche prochain, l’arrêt de train ne sera pas comme les autres : la manifestation débutera par l’inauguration, place de la gare, d’un monument « au voyageur méprisé »...De nombreuses invitations ont été lancées : même le Président de la République, le Premier Ministre, et les ministres de la Décentralisation et des Transports ont été conviés à ce rassemblement de lutte et de colère... "
Attention...il commence à se délabrer..
* petite précision apportée par Anne-Marie de Messac;
la scuplture "le voyageur méprisé" a été réalisée par JEAN-YVES RIVIERE,
artisan - potier à Messac à l'époque, également artiste - peintre.
Source Musardise
Photos C. Herault
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