Łα ρσυℓє
Pattes jointes, elle saute du poulailler dès qu'on lui ouvre la porte. Eblouie de lumière, elle fait quelques pas, indécise, dans la cour.
Elle voit d'abord le tas de cendres, où chaque matin, elle a coutume de s'ébattre. Elle s'y roule, s'y trempe, et d'une vive agitation d'ailes, les plumes gonflées, elle secoue ses puces de la nuit.
Puis, elle va boire au plat creux que la dernière averse a rempli. Elle boit à petits coups et dresse le col, en équilibre sur le bord du plat.
Ensuite, elle cherche sa nourriture éparse. Les fines herbes sont à elle, et les insectes et les graines perdues. Elle pique, elle pique, infatigable.
De temps en temps, elle s'arrête. Droite sous son bonnet phrygien, l’œil vif, le jabot avantageux, elle écoute de l'une ou de l'autre oreille.
Et, sûre qu'il n'y a rien de neuf, elle se remet en quête.
Jules renard
(Histoires naturelles E. Flammarion, édit.)